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Monday, 31 October 2011

Wine Fiesta @ Customs House

Grand raout d'un importateur local ce weekend: sa dégustation annuelle, nommée "Wine Fiesta".  L'occasion de goûter la plupart des vins de leur portefeuille.  C'est une boîte que j'aime bien et avec laquelle je commence à travailler un peu, donc j'étais assez impatient de goûter tous leurs vins.

L'événement était organisé par pays avec des disparités assez prononcées. On pouvait avoir un Australien cultissime et très régulier dans sa qualité, à côté d'un producteur industriel sans intérêt.  J'ai pu regoûter les vins de Yarra Yerring, qui présentent un très bon rapport qualité-prix et font des shiraz (entre autres) qui ne cessent de me plaire, faits de profondeur et de souplesse, sans les raccourcis oenologiques d'usage (macération carbonique, levures sélectionnées, boisage extrême).  Il s'agit bien ici de vins "vrais" et très gourmands.

On a  goûté de belles choses de France aussi, en particulier les blancs de Mischief & Mayhem, un négociant anglais qui fait des vins de Côte d'Or essentiellement (plus quelques Chablis).  Je trouve intéressant de voir des négociants anglo-saxons ou néerlandais ou d'autres nationalités installés en Bourgogne et qui sont très connus à l'étranger mais pas du tout en France.  En France on part du principe qu'il n'y a que les Français qui peuvent comprendre le vin français et en particulier la Bourgogne.  On se méfie donc de l'anglo-saxon qui essaie de nous vendre "nos" vins.  Du coup, Lucien Lemoine, qui est maintenant un peu connu en France, est depuis loingtemps établi en-dehors de nos frontières. Idem pour Mischief & Mayhem.  Un jour, bientôt, les sommeliers français s'intéresseront à Mischief & Mayhem, je le prédis.

Ensuite, et comme il faisait assez chaud sous cette tente en extérieur, on recherchait des vins frais.  Malgré les grosses souffleries industrielles, la chaleur devenait rapidement accablante.  Du coup, les vins légers et frais ont eu notre préférence (je dis nous, car on était plusieurs à être d'accord).  Je nous ai donc orienté vers des Riesling allemands, de Max Ferdinand Richter.  Ce domaine de Moselle (ou Mosel en allemand dans le texte) produit des rieslings très représentatif de ce que j'aime bien dans ce type de vins.  Je me souviens d'un vigneron français qui me disait que les plus grands rieslings au monde étaient produits en Allemange, que ce soit dans le Rheingau ou le Mosel-Saar-Ruwer.  Je ne sais pas pour la grandeur, mais, quand ils sont bien faits, les rieslings allemands ont un indice de buvabilité imbattable.  En particulier les Kabinett ou lesTrocken (avec le moins de sucre résiduel): ce sont souvent des vins légers, gourmands, très doux et faciles à boire.  Je n'ai jamais bu de petit lait, mais je me l'imagine ayant un goût très proche du Wehlenner Sonnenuhr de Richter.  Le nom Wehlenner Sonnenuhr en dit d'ailleurs long sur ce vignoble de la vallée de la Moselle.  Wehlen est le nom de la commune où se trouve le vignoble.  Sonnenuhr signifie "Heure du soleil": c'est un vignoble orienté plein sud sur un coteau escarpé, ce qui est important dans un climat froid, pour ammener les raisins à maturité.  J'avais déjà goûté des très bons rieslings moselliens d'autres producteurs, comme J.J. Prüm ou Egon Müller, mais encore une fois j'ai été charmé par la légèreté presque evanescente de ces vins.  Bref, comme dit si bien un de mes amis, c'est le genre de vin qui se boit deux bouteilles par deux.

Voilà pour le petit compte-rendu de dégustation, la suite au prochain numéro.





  

Thursday, 27 October 2011

Gambero Rosso @ St Regis Hotel

Première dégustation Gambero Rosso à Singapour, hier au St Regis.  Ce n'était pas la dégustation "Tre Bicchieri" comme je le croyais (voir article "Quand les Français apprendront-ils à travailler ensemble?") mais un "Italian Wine Roadshow".  C'est une dégustation de producteurs italiens qui aura désormais lieu à Mumbai, Singapour, Séoul, Moscou, Sao Paulo et Rio de Janeiro tous les ans.  On voit très bien où les Italiens concentrent désormais leurs efforts!

Même si j'ai une aversion totale pour ce genre de grand événement, je me suis pointé au bon moment, et il n'y avait pas trop de monde, tant mieux.  Je ne supporte pas de jouer des coudes pour pouvoir avoir un petit verre... Et puis souvent, si on n'est pas là dès le début (comme ce fût mon cas), il ne reste plus les vins les plus recherchés, comme par exemple le seul Barolo de Gaja, qui visiblement a été liquidé en une demie-heure.  Ce n'est pas grave, j'en ai déjà assez goûté par le passé, mais ce n'est pas forcément le cas de tout le monde.  Petite parenthèse, en Asie, encore plus qu'en Europe, les gens vont directement chercher les vins les plus chers à une dégustation: sans aucune vergogne, ils se pointent, demandent le vin le plus cher, un peu plus, encore un peu, merci et Cheers!

La dégustation en elle-même regroupait environ 50 domaines de presque toutes les régions d'Italie.  Contrairement au Tre Bicchieri Tasting, il n'y avait pas que du top, mais un panorama assez extensif de la viticulture italienne, même si il s'agissait quand même de très gros domaines pour la plupart.

Comme toujours, j'ai commencé par faire une tournée de vin blanc avant de passer au rouge.  Il y avait beaucoup de Vementino de diverses régions (en France on appelle ça le Rolle), quelques Greco di Tufo (le cépage est autochtone, mais le mot "tufo" est exactement le même que le tuffeau d'Anjou ou de Loire, même type de sols), quelques cépages internationaux (chardonnay, sauvignon de diverses régions) et des cépages autochtones, comme le Picolit du Piémont.  Les blancs italiens sont assez intéressants, car ils peuvent jouer  sur un registre qu'on ne connait que peu en France, très proche de l'excès d'amertume.  Souvent, les vins mettent allègrement les pieds dans le plat, mais des fois ils sont juste à la limite, jouant avec brio une partition d'équilibriste.  Ca, pour le coup, j'aime bien.  Ce que j'aime moins, c'est quand le vin est sans origine, fait par un consultant et avec des levures choisies plutôt qu'endogènes.  Je constate quand même qu'il y avait moins de blancs élevés en fût que par le passé et beaucoup sans FML (fermentation malo-lactique), ce qui permet de retenir un peu d'acidité et donc de fraîcheur.  Mais bon, dans l'ensemble, les blancs étaient sans surprise.  J'ai quand même fait une jolie découverte: le Vermentino di Gallura.  C'est apparemment la seule DOCG de Vermentino en Italie.  Une DOCG, c'est une "Appellazione di Origine Controllata e Garantita", soit une appellation de qualité supérieure.  Il y en a une cinquantaine en tout, comme le Brunello di Montalcino, le Barolo ou le Greco di Tufo.  Souvent le nom comporte le nom du cépage "Vermentino" et de la provenance "di Gallura".  Bref, je ne connaissais pas cette DOCG, située au Nord de la Sardaigne, et elle était représentée par la Cantina di Gallura. Des 4 vins que j'ai goûté du domaine, 3 m'ont vraiment bluffés: je n'avais jamais senti ni goûté de vermentino avec ces profils aromatiques, des nez tout dans la retenu, avec une minéralité très expressive en bouche.  Apparemment cette région a une grande amplitude thermique entre jour et nuit, ce qui permet de mûrir le vermentino à point.  En tout cas, au nez, on aurait dit des grands pinot gris d'Alsace, plutôt que des Vermentino, faussement floraux au nez et beurrés en bouche.  Bref, j'ai pris une photo (super-moche) de ma bouteille préférée, pour pouvoir m'en souvenir:



En termes de rouges ensuite, du très traditionnel, Chianti, Brunello, Barolo, ou du moins connu, comme le Sagrantino di Montefalco, une de mes appellations préférées, parce qu'il y a deux vignerons cultes là-bas, mais qui n'étaient pas présents à cet événement :-(  Les rouges, comme souvent avec les vins italiens jeunes (j'adore les généralisations!), étaient super-durs, astringents et dans l'ensemble pas agréables.  En même temps, je me démerde toujours dans ce genre de dégustation pour aimer le contraire de ce que les gens aiment: je suis allé à une dégustation de vins allemands une fois, où j'ai adoré les vins rouges...  Bon en attendant, il n'y avait pas grand chose à se mettre sous la main, des Chianti en manque d'inspiration, des Aglianico confits de chez confits, un Barolo beaucoup trop jeune (enfin, moi je dirais plutôt " avec des tannins pas mûrs", mais le représentant insite qu'il faut attendre au moins 70 ans pour boire un vrai Barolo, tant mieux pour ceux qui le peuvent), un sagrantino sans envergure.  Petite rédemption pour un Montepulciano d'Abruzzo (le nom = cépage + la provenance), que je connaissais déjà bien pour en avoir vendu aux Etats-Unis: Valle Reale.  La représentante de la marque me parle un peu du domaine, qui, je le savais, est niché dans un parc naturel et donc totalement protégé de la pollution.  Je me souvenais que le vin était bio (peut-être même biodynamique), mais elle m'a dit qu'en fait, il n'avaient toujours pas de label (ce n'est pas important en soit, mais bon, ils m'auraient menti à l'époque?  Ma mémoire me fait-elle défaut?).  Bref, en discutant avec elle, elle me dit qu'ils font de plus en plus de vins avec des "natural yeasts", entendez levures endogènes.  Ben j'espère bien!  Je ne comprends pas comment on peut prétendre faire un vin naturel si on n'utilise pas exclusivement des levures endogènes.  Le fait que les levures sélectionnées soient bio ne sert absolument à rien.  D'ailleurs, ça veut dire quoi des levures bios?  Dans ma cuisine, je cultive des levures bios, dans mon kéfir.  Ca ne veut pas dire qu'elles feraient un bon vin ou une bonne bière.... Je devrais faire un article entier sur ce sujet pour m'expliquer pleinement, mais en attendant, même si les vins étaient bien, gourmands et frais, j'ai été quand même un peu scié.  

Bref, tant pis pour les rouges d'Italie, je garderais volontiers uniquement les blancs, ceux qui aiment les rouges super-astringents ou qui sont certains de vivre 140 ans peuvent attendre que leur Barolo soit prêt.

PS: Petite précision pour être plus clair, quand je généralise en parlant des "vins rouges italiens", je parle bien sûr des vins italiens moyens.  Il existe bien entendu des myriades d'exceptions, de vins frais, élégants, se buvant bien jeunes.  Mais je constate tout de même que les rouges italiens astringents et imbuvables se cachent souvent derrière l'excuse bidon du "il n'est pas prêt à boire, il faut l'attendre encore quelques décennies pour qu'il soit à son apogée".  Je renvoie à un article antérieur (Volpaia @ Mozza), sur le fait qu'un vin vieux n'est bon que lorsqu'il est bon jeune et surtout qu'un vin astringent jeune ne sera jamais bon.  Pensez aux Médoc de 1988 par exemple: souvent, les vins étaient durs et astringents jeunes et les Médocains disaient qu'il fallait "les attendre".  Ceux qui ont attendu ont pu constater que les vins ne sont jamais devenus "bons" par enchantement, ils se sont juste desséchés, à tel point qu'il ne restait à la fin que du tannin sec et désagréable.  Bref, vous l'aurez compris, si ce n'est pas bon jeune, ça ne m'intéresse pas.


Thursday, 13 October 2011

Volpaia Chianti Classico @ Osteria Mozza

Je suis allé à un "wine dinner" pour découvrir les Chianti Classico de Volpaia avant-hier, à Osteria Mozza au Marina Bay Sands.  Le dîner était animé par Federica Mascherano Stianti, qui était présentée comme "winemaker".  Bon, en fait, Federica fait partie de la famille propriétaire de Volpaia, mais ne "fait" pas vraiment (pas du tout) le vin.  Ce n'est pas bien grave, on a bien mangé et bien bu...  Il s'avère en fait que le vin est "designé" par un constulant, Riccardo Cottarella, que je connais très bien, pour avoir vendu de nombreux de ses vins dans un job passé.  Bref, c'est bien beau la famille, l'histoire et les beaux paysages, mais en réalité, le vin est un produit standard fabriqué par un "flying winemaker"! Federica s'est bien gardée de nous en faire part pendant le dîner...

Donc, on a goûté en apéro un blanc de Maremma, à base de Vermentino (connu sous le nom de Rolle en Provence), puis 4 différents rouges, de 2008 à 1998, trois en AOCG (équivalent de l'AOC française) et un en IGT (équivalent VDP français).  Je ne commenterai pas sur les vins ni sur les accords, même si un accord avec le AOCG 2001 et des tortellini au foie de volaille était très réussi.

Ce qui m'a frappé, par rapport à des dîners de vignerons français auxquels j'ai pu participer, c'est d'abord que Federica est très avenante et élégante. Elle est arrivée à 2h du matin la nuit précédente et a l'air en forme.  Elle parle un anglais presque parfait, elle connait assez bien les termes techniques du vin en anglais et s'exprime avec aise.  Ca change du "zis is euh raide wineu, made wiz euh Cabernet Sauvignon ande Syrah" qu'on entendrait d'un vigneron français.  Toujours côté présentation, Federica nous fait passer des petites brochures du domaine, sur un papier cartonné, type velin, agrémenté de jolies photos et bien traduit en Anglais.  Encore une fois, on est loin des dépliants kitsch de certains vignerons français parmi les plus connus....

Dernier point et non des moindres, les préférences de nos convives.  L'assistance du dîner était environ moitié-moitié locaux et "caucasiens" (entendez blancs: australiens, américains, français dans ce cas).  Et après un rapide tour de table, tout le monde donnait haut la main la palme à un "single-vineyard" (désolé, j'ai oublié le nom, je ne prends pas de notes et promis pour la suite, je prendrai des photos) millésimé 1998.  Ce vin était nettement plus évolué que les autres, même le 2001.  La couleur était très évoluée (rouge-brique très clair, vs. le rouge-violet soutenu des autres vins), les tanins complètement fondus et les arômes très tertiaires.  Ca sentait le sous-bois, le cuir etc. Bref, ce qu'on peut parfaitement attendre d'un vin rouge d'un certain âge.  Je trouve intéressant que ce soit ce type de vin qui plaise à tout le monde, car pour ma part, je l'ai trouvé d'un banal confinant à la nullité.  Ben oui c'est vieux, et alors?! J'en viens à me demander si la réaction des gens aux vins vieux n'est pas préformatée: en gros on a goûté un vin vieux une fois et on s'est souvenu que ce goût du vieux est bon, car rare et cher.   Bon, d'accord, un vin qui vieillit bien c'est rare, mais comme je dis souvent, un vin qui vieillit bien doit forcément être bon quand il est jeune et si il est bon jeune, pourquoi ne pas le boire tout de suite?  Ensuite, je trouve dommage que les vins rouges vieux se ressemblent tous.  A le sentir, je ne sais pas si il s'agit d'un vieux Médoc, d'un Chianti ou d'un Napa Valley.  A supposer qu'il avait une typicité jeune, il l'a complètement perdue au fil des ans.  J'irai même jusqu'à dire qu'après un certain temps tout se ressemble.  En sortant faire un tour (bon d'accord, fumer une clope), j'ai croisé un de mes amis sommelier,qui est pour moi un des plus balaises du coin, tout en restant humble et en ne se prenant pas trop au sérieux,  et j'aime bien discuter de vins de façon informelle avec lui.  Bref, je lui demande ce qu'il pense de ma théorie sur les vins rouges vieux et il est d'accord.  Il me dit qu'à part quelques rares exemples (Lafite-Rothschild?) les vins rouges vieux sont impossibles à différencier et que lui aussi ça le fait chier.  De plus, un vin vieux en vaut la peine, justement quand il paraît plus jeune que son âge.  C'est la fraîcheur et le dynamisme d'un vin de plusieurs décennies qui me surprend et me plaît, pas le fait que le vin ait  l'air "vieux", voire fatigué. Tout ça pour dire que  les locaux et les caucasiens, avec leurs références variées et leurs approches très différentes du goût s'accordent pour dire que le vin "vieux" (et qui en a tous les atouts) est le meilleur.  Il doit certainement y avoir un explication.

Les vins de Volpaia sont loins de m'avoir impressionnés, mais ça fait toujours plaisir de rencontrer des gens mus par un intérêt pour le vin.  On entend toujours des histoires différentes, on raconte nos meilleures expériences de vins ou de restaurants, on échange des bonnes adresses.  Notez quand même qu'il n'y avait que des particuliers à ce dîner, pas des professionnels, sans quoi, ça aurait certainement été une autre paire de manches.

Ah oui, j'ai failli oublier, des petits liens: