Monday 19 December 2011

Christine Vernay et Thierry Germain @ Alfa International, 15 décembre 2011

Visite apparemment annuelle de deux compères, l'une du Nord Rhône, l'autre d'Anjou.  Les deux domaines sont ultra-connus en France et commencent à se faire une petite place ici.  Je connais bien les deux pour avoir goûté de nombreuses fois leurs vins, même si j'avoue que cela faisait quelques années que je n'avais pas goûté de façon systématique l'ensemble (ou presque) de leur production.  En particulier, pour le Domaine Vernay, la dernière fois que j'en avais goûté, Christine venait tout juste de reprendre le domaine de son père, Georges.  

Pour Vernay, on a goûté le Condrieu Terrasses de l'Empire 2008, pas de Coteau du Vernon, ni de Chaillées de l'Enfer :-( , et la syrah en VDP de Collines Rhodaniennes.  Donc pas de Côte-Rôtie non plus, re- :-(.  

Pour Thierry Germain, on a goûté l'Insolite en blanc, la Marginale et les Terres Chaudes en rouge.  

Pour ce qui est de Vernay, je n'ai pas vu d'évolution stylistique notable depuis la dernière fois que j'ai goûté: le Condrieu était floral, beurré mais sans excès, la Syrah, très "varietally-correct", ça sentait la syrah bien poivrée et puis c'est tout.   Pour Thierry Germain, j'ai remarqué une amélioration sensible depuis ma dernière dégustation: les vins ont gagné en fraîcheur, en minéralité et en complexité, sans toutefois atteindre les niveaux de gourmandise et de suavité de mes Saumur(-Champigny) préférés.  Thierry Germain attribue cela a des progrès significatifs en termes de viticulture.  C'est assez intéressant de voir un Bordelais de souche, bien dans sa chemise bleu ciel, son jean Diesel et ses mocassins Tod's vous parler de biodynamie avec l'oeil qui pétille.  En tout cas, le travail se ressent dans la bouteille, bravo!

A noter, deux trois choses à propos de cette dégustation.  Primo, comme je le disais, ce n'est pas la première fois que Christine et Thierry voyagent et viennent à Singapour.  Et pourtant, devant un auditoire anglophone, la présentation de Christine Vernay a commencé avec "Hélo, I âme euh vigneron from zeuh Nord-Rhône.  I make zeuh Condrieu, zeuh St Joseph ande zeuh Côte Rôtie...."  Devant ses difficultés à s'exprimer en Anglais, je me suis senti obligé de lui proposer mes services de traduction (facture à suivre), et je me suis retrouvé à faire la traduction pour toute la dégustation.  Thierry Germain a aussi fait appel à mes services, même si son niveau de langue est acceptable.  L'avantage est que j'ai pu retransmettre les infos de façon synthétique à mes interlocuteurs, en ajoutant deux-trois petites choses à ma sauce.Cela étant, si j'étais un examinateur de l'oral d'Anglais au Bac, je donnerai un 2/20 à Christine Vernay et un 10/20 à Thierry Germain, pour l'effort.  Vous m'avez déjà vu fustiger le manque de qualités commerciales des vignerons français dans ce blog, en voici encore un exemple navrant. Ce n'est quand même pas dur d'apprendre à dire cépage, vendange, coteau, argilo-calcaire, levure et foudre en Anglais, si???

Autre petite chose attrapée au vol, Christine Vernay m'a soutenu qu'il lui était impossible de pratiquer une viticulture bio, parce que ses vignobles sont sur des coteaux trop escarpés.  C'est la première fois qu'on me la sort, celle-là!  Je pensais au contraire que la pente permettait un meilleur drainage des sols et une meilleure circulation de l'air, évitant donc "naturellement" de nombreuses maladie de la vigne.  Et surtout, je ne vois pas en quoi une viticulture "conventionnelle" serait plus facile à pratiquer sur ces mêmes coteaux, à moins de traiter à l'aide d'un canadair...  Bref, je ne fais pas vraiment le lien entre coteau escarpé = impossibilité de conduire un vignoble en bio ou en biodynamie, question à étudier donc.

Et pour finir, encore une de mes magnifiques photos in situ:


No comments:

Post a Comment