Tuesday 1 November 2011

Lis Neris @ Alfa International

Petite dégustation cet après-midi en présence de Federica Pecorari de Lis Neris, domaine basé dans le Frioul italien.  Il est vrai que cette région est connue pour ses blancs, surtout le cépage autochtone Tokay Friuliano (apparemment, ils n'ont plus le droit d'appeler ça tokay, ça créait de la confusion, donc vous me ferez le plaisir d'appeler ça Friuliano dorénavant, merci).  Lis Neris est un domaine assez ancien, à l'origine une ferme qui produisait un peu de tout, mais depuis les années 70, ils ne font que du vin.  

Federica était ici pour la première fois, avant de partir à Hong-Kong, où ils auront droit à une dégustation "Tre Bicchieri" (voir post Gambero Rosso @ St Regis).  Salauds de Hong-Kongais, j'en veux une de dégustation Tre Bicchieri moi!  Bref, elle en a profité pour présenter ses produits, en tout cas une partie de sa production, à la profession locale.  Comme je suis arrivé hyper en retard (ça devient une habitude) la masterclass était terminée.  Du coup, j'ai eu droit à une session de rattrapage avec Federica pour moi tout seul.

Comme j'adore ne pas faire de commentaires de dégustation, je n'en ferai pas ici.  On a goûté 6 blancs, 4 à base de Pinot Grigio (3 sans élevage en fût, léger bâtonnage, embouteillage rapide, et un élevé en fûts avec bâtonnage hebdomadaire pendant 10 mois) et 2 assemblages majoritaires de pinot grigio avec d'autres cépages internationaux (un avec du sauvignon blanc et du chardonnay, qui sentait bon le buis, si vous voyez ce que je veux dire, et un avec du riesling et du gewürztraminer, légèrement surmûri).  Précisons quand même que le Pinot Grigio est appelé en France Pinot Gris (vous l'aurez deviné) mais son profil aromatique est très différent de ce que l'on connait en France. Dans l'ensemble les blancs étaient propres, sans défauts particuliers, mais un truc me gênait quand même.  Bon passons sur un léger excès d'amertume sur deux des blancs.  J'ai aussi pu goûter un rouge, un Cabernet Sauvignon 2008: le nez faisait limite cabernet pas très mûr (côté très végétal, poivron vert etc.) et en bouche on était encore à la limite de l'astringence et du végétal pas mûr.  Il avait quand même le mérite de ne pas être matraqué de bois...

J'ai eu du mal à me l'expliquer, mais les vins semblaient un peu trop propres, sans aspérités.  Ca m'a rappelé une dégustation d'eaux en bouteille que j'ai fait il y a quelques années.  Mes camarades de dégustation et moi avions du mal à décrire les arômes des eaux, mais il paraissait clair que certaines eaux étaient "vivantes" (les eaux minérales naturelles) et d'autres "mortes" (les eaux de sources et l'eau du robinet).  Il s'est avéré que notre pressentiment à l'aveugle était tout à fait justifié, car les eaux minérales naturelles sont les seules à avoir des micro-organismes (vivants) dans leur composition.  Les eaux de source sont biologiquement parlant "mortes".  Bref, ce "goût de la vie" est difficile à définir, mais facile à repérer.  Et ces vins, même si ils avaient parfois des jolis nez et des bouches agréables, n'avaient pas le goût du vin vivant.  D'aucuns plus poètes que moi diraient qu'ils n'avaient pas d'âme.  Du coup, j'ai voulu en savoir plus.  J'ai questionné Federica.  Pratiques viticoles: ni bio, ni biodynamiques, mais raisonnables (lutte raisonnée, confusion sexuelle etc.).  Levures: sélectionnées. Ah, on y vient! Pourquoi pas de levures endogènes?  Selon Federica les résultats sont trop aléatoires, utiliser des levures sélectionnées, c'est plus "safe".  J'avais très envie de lui dire: si vous pratiquiez une viticulture plus naturelle et rigoureuse vous pourriez avoir des levures endogènes plus régulières.  Bon, en tout cas, ça semble expliquer en partie pourquoi les Italiens (je généralise, désolé) préfèrent utiliser des levures sélectionnées.  Cela ne m'étonnerait pas qu'il s'agisse d'une réflexe culturel propre aux vignerons italiens.  En tout cas, en France, on entend rarement les vignerons parler de levures sélectionnées, donc soit ils nous mentent, ce qui est possible, soit on utilise plus volontiers des levures endogènes en France.  A creuser...

Voici donc une super belle photo de deux des bouteilles pour couronner le tout:


1 comment:

  1. Très intéressant cette remarque sur les levures endogènes. Le goût des microorganismes semble déterminant pour les fromages, la choucroute and such, mais apparemment pas facile à analyser..

    ReplyDelete